Quotidiennement, Il s'administre le poison. Quinze, vingt fois, ça dépend De son humeur, c'est selon.
« boit-sans-soif, pauvre saoulot, bon à rien, suce-goulot » Disent les mauvaises langues « bientôt les croques-morts enduiront ton corps de chaux » Il traîne de débit en débit, Dans l'espoir d'y trouver quelque répit, Cet homme que personne n'aime ni ne nomme, Cet homme que personne n'hèle ni ne sonne.
Il connaît tous les lieux, Il y a ceux où il va faute de mieux. Ceux qui servent à passé minuit, Les deux ou trois qui font crédit.
« Il gît à même le caniveau A la manière des animaux » Disent les mauvaises langues, « ce lot il ne le goûte que trop ! » Il traîne de débit en débit, Dans l'espoir d'y trouver quelque répit, Cet homme que personne n'aime ni ne nomme, Cet homme que personne n'hèle ni ne sonne. Il traîne de débit en débit, S'en va s'aviner Parce que sa vie ne Lui inspire plus que du mépris, Ne lui inspire plus que du mépris.
Dans un café Passage Brady, Une femme égrène des notes sur une six cordes. Elle psalmodie son psaume favori, Où il est beaucoup question de discorde, D'amour, de haine et de miséricorde.