Chaque matin, ma valise Avale sa nourriture Mes toilettes sont exquises Elles sentent la friture Chaque matin, mon linge sale Inutile que j' le sale En trois s'condes, elle le broute Pis on peut r'prendre la route
Elle avale sans problème L'arête de mon peigne C'est vous dire s'il est fin Pis, elle boit mon parfum Mon caleçon, ma chemise Inutile que j' la cuise Mon rasoir, mes haltères Tout ça la désaltère
Tout c' que j' mets sont les mets Dont elle aime le fumet En trois s'condes, elle le lape Sans dérouler de nappe
Ma valise n'a pas de dent Mais un appétit canin Si je n'étais pas prudent J' crois qu'elle me mordrait la main En trois coups d' cuillère à pot Y rest'rait plus qu' mon chapeau
Ma valise adorant Mon linge malodorant Je me dis pour moi-même "Enfin quelqu'un qui m'aime" Et je pleure d'émotion Dans un grand mouchoir blanc Et je pleure d'émotion M'en vais en reniflant
Tout c' que j' mets sont les mets Dont elle aime le fumet En trois s'condes, elle le happe Sans dérouler de nappe
Ma valise n'a pas de dent Mais je reste sur mes gardes Si je n'étais pas prudent J' crois qu'elle me mordrait la barbe En trois coups d' cuillère à pot Y rest'rait plus qu' mon chapeau
Par hasard, ma valise A croisé sa jumelle Quelle ne fut ma surprise En l'ouvrant à l'hôtel D'y trouver des p'tites fleurs Des mouchoirs en dentelle Un tutu, un cache-cœur Et une petite ombrelle
Les bonnets, les baleines D'une petite gaine Et des mules à pompon Qui sentaient le bonbon Ces froufrous d'une artiste Danseuse au music-hall A mon âge, c'est bien triste Ça m'a foutu la gaule
Après quoi, sapristi ! J'ai bu un coup de gnôle Je me suis travesti J'ai dansé dans la piaule Affublé comme une poule Pas de celles qui pondent Mais qui chantent pour la foule Que Paris est une blonde, Affublé d'une jupette Et levant la gambette