Pont Mirabeau, Je ramasse un rameau. Je le jette dans l'eau Et je le regarde. Je crache d'en haut, Je crache dans l'eau Et le fleuve m'emmène Vers le Havre. Un vieux corbeau Pense tout haut Que je devrais être à l'école. Cela n'est pas faux, Mais il fait beau Et le tableau noir me désole.
Le tourniquet Ne m'a pas vu passer. Je ramasse un ticket, Je file Et, sur le quai, Libre d'un vase cassé Fuit un joli bouquet De filles.. La solitude Me fait marcher. Elle a un humour impossible. Elle fait trembler Le petit archer. À chaque fois, il rate sa cible.
Qu'on soit àgé Ou bien jeune usager, On regarde ses pieds, Pensif. Le ciel est bleu. Le train remue sa queue. On se bouscule un peu: "Passy". On saute la Seine. C'est un ruisseau. D'un coup de rame de métro, Le pont Bir-Hakeim Se reflète en ciseaux Sur le fil de l'eau.
Seules en terrasses, Les feuilles mortes s'entassent Sur quelques chaises Oubliées Et, sur les places, Les fontaines Wallace Attendent l'été, Désoeuvrées.
Comment trouver une chaussure à mon pied? Je ramasse une gifle Quand je siffle. Je fais le beau, Je tourne autour du pot Et mes phrases tombent à l'eau, Poncifs. Comment trouver une chaussure à mon pied? Je vais chez le fripier, Je m'habille. Je suis élégant, Qui dirait que ces gants Sont de deuxième main De fille?
Une inconnue Semble perdue, Elle cherche sa rue dans la mienne. À première vue, Elle m'avait plu mais Elle entre dans les vespasiennes. Dans mes foulées Pèse le jour écoulé. Ma vigueur, au couchant, Décline Avec le chant D'un clochard affalé Sur le banc de l'allée Des cygnes.