Ainsi mes pleurs ont mouillé trop de poussière De sable lourd et de sinistres pierres Ainsi mon cœur a décidé qu’il préfère S’éteindre à jamais que brûler dans ses chairs
J’aurais pourtant aimé partir plus fier Et quitter libre ce lambeau de terre J’aurai le vent comme dernier partenaire Pour ne pas mourir trop solitaire
Et je lui parlerai de tes yeux si clairs Que même la nuit ne sait pas m’en défaire Je lui raconterai qu’ils brûlent à la manière De toutes les perles cachées de la mer
Je lui dirai que mon cœur est trop amer Qu’il a trop mal et trop longtemps souffert Je lui décrirai mes larmes de misère Quand il m’emportera loin dans les airs
Et là-bas j’oublierai…
J’oublierai que tes yeux sont les repères De tous les soleils qui ont fui l’hiver En apprenant que leur vie n’est qu’éphémère Ils vont y crier qu’ils aiment avant de se taire
J’oublierai que tes yeux sont les chimères De tous ces anges qui se tuent de prières En essayant de frôler cette lumière Que même le ciel échoue à refaire
J’oublierai que dans tes yeux se perd Ce grand océan qui n’a pas de frontière Qui se noie sous des forêts en colère Et qui explose en un millier d’éclairs
J’oublierai surtout que tes yeux sont des mystères Et que mon cœur ne pouvait pas leur plaire Que jamais je n’aurais découvert Toutes les couleurs qu’ils gardent prisonnières