J’ai croisé sur la route les paysans qui couraient Poursuivis de tous côtés Par les soldats d’un seigneur venu de l’étranger Répandre la mort sur la vallée Dans la foule une femme vers moi s’était avancée Et mes yeux se sont brûlés Sur les boucles rousses de ses cheveux enflammés Jamais je n’avais imaginé Ses yeux étaient verts Sa peau couleur des pierres Son visage était gravé dans mon âme autant que je vivrais
Je n’ai point de fortune mais je suis riche de cœur J’ai la vertu d’un chevalier Fuyons ensemble moi je te protégerai S’il le faut ma vie je donnerai Nous chevauchâmes aussi loin que possible des armées Dans une forêt reculée Et pour le confort d’une cabane abandonnée Nous décidâmes de nous arrêter Et ses beaux yeux verts Ont oublié la guerre Nous reverrons la vallée, et ce jour-là je te marierai
Embrasse-moi si tu m’aimes Et ne t’en vas jamais Dieu bénit ceux qui s’aiment Et à jamais je t’aimerai
Un jour dans la forêt sont arrivés les cavaliers Leur Seigneur m’a parlé De votre peuple vous êtes le dernier Les autres nous les avons décimés Et quelle est cette femme à la chevelure embrasée Qui se tient dans l’ombre cachée Son visage est plus doux que toutes les nuits de l’été Jamais je n’avais imaginé Ses yeux sont verts Sa peau couleur des pierres Son avenir est scellé Je la veux mienne et je l’emmènerai
Que nenni ma foi tu n’auras point ma bien aimée De ma vie je la défendrai Je n’ai point d’allégeance pour un seigneur étranger D’où tu viens, tu peux t’en retourner Mon cœur est pur et brave et je vaux cent de tes guerriers Il faudra venir me l’arracher D’un geste du bras il ordonna ses cavaliers Et sur moi tous ils se sont jetés Je tirai mon épée Le sang va couler, Je tuerai pour ma vallée, et pour l’honneur de ma bien-aimée
Embrasse-moi si tu m’aimes Et ne t’en vas jamais Dieu bénit ceux qui s’aiment Et à jamais je t’aimerai
Accablé par le nombre de ces guerriers entraînés Fermement je bataillai Et beaucoup ont succombé sous les coups de mon acier Jamais je n’aurais abandonné Le Seigneur profita du désordre de la mêlée lentement s’est rapproché Il pointa sur moi une lance au fer acéré Et talonna les flancs de son coursier La forêt a tremblé Et la fille a crié On entendit raisonner ses larmes jusque dans la vallée
Dans mon cœur la lance est venue se loger A genoux je suis tombé J’ai lâché mon épée et mes yeux ont pleuré Celle que je n’ai su protéger
La belle saisit mon arme et défia les cavaliers J’entendis sa voix s’élever Le brave qui se meurt était ma raison d’exister alors je préfère m’en aller
D’un pas lent et tranquille elle vint s’asseoir à mon côté Posa sur mes lèvres un baiser Et glissa dans son ventre la lame ensanglantée Puis sur le sol elle s’est allongée
Ses beaux yeux verts Ont perdu leur lumière Dans l’ombre de la foret, en princesse la belle s’en est allée
Je serrais fort sa main Quand je me suis éteint Ensemble allons retrouver, nos frères défunts de la vallée
Embrasse-moi si tu m’aimes Et ne t’en vas jamais Dieu bénit ceux qui s’aiment Et à jamais je t’aimerai