Deux grands yeux noirs étonnés Un minois chiffonné Gigi, Une taille faite autour Ne sachant rien d' l'amour Gigi, A son entrée dans le monde Elle jouait encore à la ronde Ma tante ti re li re li re
Comme toutes les gosses de Paris Elle avait de l'esprit Gigi, Et ses tantes le savaient bien Qui élevaient pour son bien Gigi, La grondant quand la gamine Chantait des rondes enfantines Ma tante ti re li re lau
Elles lui enseignaient toutes les façons D'aguicher les garçons Les plus riches Comment on montre un mollet rond En troussant son jupon Sans quitter pour ça l'air innocent Que l'on apprécie tant Chez les femmes Comment il faut farder ses joues Et porter ses bijoux
Ses tantes étaient naguère Des femmes dites légères, Quand on a l'esprit d' famille Il faut plaire de mère en fille
Avec un monsieur très bien Qu'elle appelait son cousin Gigi, Elle patinait sur le lac Et jouait au trictrac Gigi, Elle serait comme une reine Aurait châteaux en Touraine Ma tante ti re li re li re
Elle écoutait sans rien dire Et poussait des soupirs Gigi, Non elle n'avait pas rêvé D' t'nir le haut du pavé Gigi, Elle espérait autre chose Dans ses rêves bleus et roses Ma tante ti re li re lau
Elle regardait le cousin en coin Sans avoir l'air de rien Et c'est bête Mais aucun autre homme vraiment Ne lui plaisait autant A quoi bon ne penser qu'à l'amour ? Ses tantes, chaque jour Lui répètent Tu es, Gigi, ne l'oublie pas, De celles qu'on n'épouse pas
Elle pleura toute une nuit Décida d'être à lui Gigi, Cabinet particulier En haut d'un escalier Tant pis, Mais il la trouva si belle Qu'il la ramena chez elle Et qu'il épousa Gigi, Ding ! Robe blanche à la mairie Dong ! C'est Gigi qui se marie.