Un berceau se penche. Un enfant s'éveille. Dans la chambre blanche Un rayon d'soleil Sur sa joue se pose. Alors il sourit, Tout blond et tout rose. C'est bébé joli. Il part pour l'école. Il apprend à lire. Le soir, il recolle Une tirelire, Mais une fillette Le rend triste, un jour. Est-ce une amourette ? Non, premier amour. Il oublie sa peine, Ou croit l'oublier. Pioupiou, on l'entraîne Dans de gros souliers Et son capitaine Pense de lui : C'lui-là, Un brave type quand mème, Mais pas bon soldat ! Sa mère est heureuse : Il s est marié. Une famille nombreuse Garnit son foyer Mais, hélas, la guerre L'entraîne à nouveau Dans un monde vulgaire Et pas toujours beau. Blessé en campagne, Mais rien de fatal, Il trouve une compagne Dans un hôpital. Elle est infirmière. Ils s'aiment. Quel malheur ! Adieu la première. Elle est toute en pleurs. Changement d'histoire. Aux enfants, on ment Pour leur faire croire A une autre maman, A une autre famille, A d'autres cousins. Quel triste quadrille Pour ces p'tits poussins. La guerre est finie. L'infirmière meurt D'une maladie Dite de langueur. Sa première femme Est morte, elle aussi, Mais alors, quel drame ! Les fils se marient. Un berceau se penche. Un enfant s'éveille. Dans la chambre blanche, Un rayon d'soleil Et, tout seul au monde, Notre vieux papa Se perd de la ronde. C'est la vie qui va !