Nous sommes tous morts à vingt ans En effeuillant la fleur de l'âge Pendu à l'arbre du printemps Dans le plus beau des paysages La terre tourne pour les enfants Ceux qui grandissent tant pis pour eux Il vont grossir le régiment Des fonctionnaires de l'ennuyeux Avec des jours qui se ressembles Des habitudes et des grimaces Et des migraines des mains qui tremblent De ride en ride de glace en glace Nous sommes tous morts à vingt ans En effeuillant la fleur malade D'un idéale agonisant Au printemps d'une barricade Moi qui déteste tant la guerre Il m'arrive parfois d'envier L'enfant mort pour un coin de terre Sans avoir le temps de crier Sans voir la tristesse sourire Sans écouter l'oiseau mentir Vingt ans c'est pour apprendre à vivre Le reste pour apprendre à mourir Nous sommes tous morts à vingt ans En effeuillant la fleur du rêve Dans une gare ou sur un banc Ou le premier amour s'achève Pourquoi prolonger sa jeunesse Pourquoi jouer à être encore L'amour est mort et la tendresse C'est suicidé de corps en corps Nous sommes tous des revenants D'un certain sexe d'un certain âge Avec des mots pour sentiments Avec des masques pour visages Nous sommes tous morts à vingt ans En effeuillant la fleur de l'âge Pendu à l'arbre du printemps Dans le plus beau des paysages La la la la la la la la La la li la la la la la la La la li la la la la la... Nous sommes tous morts à vingt ans.