Depuis longtemps la raison du plus fort Tenait courbés les bons vieux de l'Alsace Mais dans leur coeur opprimé par le sort L'amour de la France était toujours vivace Lorsque son fils atteignit dix-huit ans Sa vieille maman murmura les mains jointes : "Pars vite en France t'engager mon enfant Tu ne dois pas servir les casques à pointes"
{Refrain:} Lorsqu'à Nancy au bureau de recrutement Il vint joyeux signer son engagement Le sergent dit : "Regardez moi cette caboche Dans leur pays lorsque ça n'a plus de pain Ca vient chez nous espionner son prochain Pour la Légion, c'est encore un sale Boche"
En Algérie son accent alsacien Dont il n'avait pas pu se défaire Le faisait prendre pour un vulgaire Prussien Et détester des autres légionnaires Les rempilés ne pouvaient le souffrir Il avait beau poursuivre la droite route Tous les prétextes étaient bons pour punir La tête carrée, le mangeur de choucroute
{Refrain:} Il écrivait souvent à sa maman : "Je suis heureux, car dans mon régiment On me dorlote, on n'me fait pas de reproches" Puis essuyant ses larmes qui coulaient Le pauvre gars pensait : "Elle mourrait Si elle savait qu'on m'appelle l'sale Boche"
Les légionnaires sont partis au Maroc Un jour surpris par une fusillade Le capitaine voulant éviter l'choc Tombe frappé sous l'feu d'une embuscade Mais l'Alsacien s'élançant comme un lion Sauve l'officier pendant que les secours approchent Quand l'colonel lui demanda son nom Il répondit on m'appelle "l'sale Boche"
{Refrain:} Devant tout le monde son chef le décora En s'écriant : "Rappelez-vous braves soldats Dans la Légion, il n'y a pas de différence Quand le drapeau vous conduit au succès Y a plus d'Allemands, d'Italiens ou d'Anglais Vous êtes tous les soldats de la France."