Les mains des p'tites femmes sont admirables Et toutes semblables A des oiseaux Elles agitent leurs doigts mignons et frêles Comme des ailes De passereaux. La fine menotte Coud, pique, tricote Quand elles se coiffent aussi En faisant comme ceci. Leurs gestes sont toujours jolis. Quand elles jouent de l'éventail Ou de leurs yeux avivent l'émail, Quand elles pianotent, Quand elles tapotent Dégeulando Barbissimo Quand sur leur minois joli Elles mettent la poudre de riz Je le proclame Les mains de femmes Sont de bijoux Dont je suis fou.
J'adore les mains des p'tites fleuristes Jolies artistes En frais bouquets Des fleurs tortillant vivement la tige Leur main voltige D'un air coquet. Même les cuisinières, Qui préparent, ma chère, Des p'tits plats succulents Dont je suis très friand. Quand elles retrouvent leurs jupons Quand elles mettent leurs gants mignons Quand les coquettes Baissent leur voilette Quand elles taquinent Leur mandoline Quand elles placent leurs joyaux, Qu'ils soient vrais ou qu'ils soient faux, Je le proclame Les mains de femmes Sont de bijoux Dont je suis fou.
La vieille grand-mère aux mains tremblantes Si caressantes Aux tout-petits Met ses lunettes qui vont lui permettre De lire la lettre Du petit-fils. Dans les colonies Il sert la Patrie. Et, priant pour l'absent En un geste touchant Les mains ridées vont se joignant Consolant toutes les douleurs, Les mains de femmes sèchent les pleurs ; Adroites et sûres, Pansent les blessures, Font faire dodo Aux petits marmots ; Quand, d'une geste généreux, Elles donnent aux malheureux, Je le proclame Les mains de femmes Sont de bijoux Dont je suis fou.