On arrive à la cinquantaine, moitié sage, moitié fou Le cul assis entre deux chaises à tenter d'en joindre les bouts Sur la route de la chimère on se retrouve souvent un jour Pour faire le compte de ses guerres, des petites joies, des grands amours Et c'est tout On arrive à la cinquantaine, moitié figue, moitié raisin Le cœur absous de toute haine, le cœur absous de tout chagrin On a troqué sa destinée contre des hauts, contre des bas Rêves vendus à la criée pour faire le vendredi gras Et c'est tout On arrive à la cinquantaine, moitié déçu, moitié content Un quart de joie, un quart de peine, et l'autre moitié aux enfants On se souvient de sa jeunesse comme d'un joyeux chapardage Au seuil de la prime vieillesse on pose un instant ses bagages Et c'est tout Et on repart vers la centaine, un demi-siècle dans les reins Avec tout juste la moyenne à notre devoir de terrien Comme elle est lointaine, la rive où l'on se couchera un jour Il reste tant et tant à vivre qu'on pourra faire un long détour Si tu veux, mon amour