Le printemps qui ne se hâte guère Tient dans les bruyères Son rire de bleuets Et dans le pays les gens s'étonnent Moi je sais mieux que personne Pourquoi il pleut jusqu'en mai
Quelque chose au monde se déchire Quelque chose pleure désormais Quelque chose au monde se déchire Une aurore une rose Un amour quelque chose Que jamais je ne trouverai jamais Jamais
Le printemps ne se hâte plus guère Près de la rivière Et presqu'à la nuit tombée Elle venait à moi ruisselante Encore du parfum des menthes Traversées
Quelque chose en elle me déchire Quelque chose pleure désormais Quelque chose en elle me déchire Une aurore une enfance Depuis ce temps-là je pense Que jamais je ne la reverrai jamais Jamais
A l'instant où glissait son manteau De ses épaules Une averse de sanglots d'oiseaux Tombait des saules Dans ses yeux brûlait le désespoir De ceux qui savent bien Qu'ils en mourront un jour Et qui abandonnés et sans âme Laissent la vie sécher leurs larmes Au grand vent du soir
On la maria au matin clair D'un jour d'octobre Coiffée d'oranger et de lumière Et dans sa robe Le soleil éclaboussait de l'or Et s'éparpillait en chapelet de sang Et lorsque la nuit descendit Toute seule à ce que l'on dit Elle s'en alla dormir dans l'étang
Quelque chose au fond de moi se brise Quelque chose pleure désormais Quelque chose au fond de moi se brise Une aurore ou une enfance Quelque chose à quoi je pense Que jamais je ne retrouverai jamais Jamais