Je me souviens encore de son fin profil Lorsqu'un soir au bal nous fîmes connaissance Elle était charmante et mince comme un fil De grands yeux rêveurs et pleins d'innocence Tout en sa personne était délicat Elle voulut bien m'accorder une danse Et je me disais pendant la polka Tandis que nous sautions tous deux en cadence : Elle est épatante cette petite femme-là C'est phénoménal la grâce qu'elle a Elle est aussi souple qu'un roseau Légère comme un oiseau Quoiqu'un peu timide et manquant d'appâts Elle est très gentille et ne me déplaît pas Parmi toutes celles qui sont là Y en a pas deux comme ça On s'est retrouvés au hasard des jours Chez d'autres amis qui nous invitèrent Et je lui faisais discrètement la cour On sympathisait comme caractères Et puis l'existence nous a séparés Mais j'ai conservé le souvenir idyllique De son corps menu, joliment cambré Et de sa voix douce au timbre angélique. Elle est épatante cette petite femme-là Me dis-je en songeant qu'elle m'ensorcela Qu'est-elle devenue je n'en sais rien Mais moi je me souviens Malgré le temps passé je revois devant mes yeux Son air enfantin, ses gestes gracieux Et mon cœur bien vite la reconnaîtra Y en a pas deux comme ça.